Ebrahim Raïssi pouvait avoir le sourire en montant dans son avion pour New York, ce lundi 18 septembre. Le président iranien, surnommé « le boucher de Téhéran » pour son goût prononcé en faveur de la répression brutale, a passé la date fatidique du 16 septembre, premier anniversaire du meurtre de Mahsa Amini, sans soulèvement notoire de sa population ; il peut se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies comme n’importe quel chef d’État ; et le « Grand Satan » américain a libéré cinq détenus iraniens et surtout six milliards de dollars gelés depuis des années en Corée du Sud…Ces milliards coréens, dus à Téhéran pour l’achat de pétrole iranien, étaient bloqués depuis 2019, quand l’administration Trump avait décidé de sanctionner lourdement tout transfert d’argent vers l’Iran. Étranglé économiquement, avec une inflation record depuis dix-huit mois et obligé de réduire les subventions sur l’énergie, le régime accueille ces six milliards de dollars en fanfare. En théorie, ils seront bloqués sur un compte au Qatar et ne pourront servir qu’à des opérations humanitaires, mais plusieurs officiels iraniens ont déjà prévenu qu’ils feraient ce que bon leur semble de cet argent…Le risque que ces arrestations d’Occidentaux se multiplientEn face, Washington assure que cette opération constitue un match nul, avec la libération de cinq prisonniers américains, parfois détenus depuis des années dans la prison d’Evin à Téhéran. « Malheureusement, le régime iranien ne peut que constater le succès de sa diplomatie des otages, soutient Kasra Aarabi, directeur du programme de recherche sur l’Iran au Tony Blair Institute. Il n’a qu’à mettre en prison des Américains et recevra des milliards de dollars en échange… Ces prises d’otages fonctionnent car l’Occident n’a trouvé aucune réponse à la hauteur pour l’instant. Je crains que ce genre de comportement ne fasse qu’encourager les arrestations d’Occidentaux et de binationaux en Iran. »Bien sûr, les libérations de prisonniers ne peuvent être que des bonnes nouvelles pour leurs familles et leurs proches en Occident. Dans les prisons iraniennes, en particulier celle d’Evin, la torture et les humiliations sont courantes pour les Iraniens comme pour les étrangers. Mais ces libérations ne constituent que des solutions à court terme, à chaque fois au bénéfice de la République islamique.Au moins quatre Français toujours détenus en IranLes Américains sont loin d’être les seuls à céder face au régime iranien sur ce terrain. En mai dernier, la Belgique avait obtenu la libération d’un travailleur humanitaire belge en relâchant un « diplomate » iranien condamné à vingt ans de réclusion pour avoir préparé un attentat en France. « L’Iran avait promis que cet homme affronterait la justice en revenant à Téhéran, mais il a été accueilli en héros, souligne Kasra Aarabi. C’était une énorme victoire pour les Gardiens de la révolution : ils avaient emprisonné cet humanitaire belge juste après la condamnation prononcée par la justice en Belgique pour terrorisme… Cela devrait alarmer tous les Occidentaux ! »À ce jour, au moins quatre Français restent détenus en Iran. La diplomatie française les qualifie « d’otages d’Etat ».
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Author : Corentin Pennarguear
Publish date : 2023-09-18 16:30:16
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L’Iran et ses « otages d’Etat » : pourquoi l’Occident est toujours perdant
