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Vins : le Château de La Chaize ou le renouveau du Beaujolais

Vins : le Château de La Chaize ou le renouveau du Beaujolais




Petit Versailles en Beaujolais, construit entre 1674 et 1676 par l’architecte royal Jules Hardouin-Mansart, le château de La Chaize et sa centaine d’hectares de brouilly ont passé trois siècles dans la famille des descendants de François de La Chaize d’Aix. Vendu en 2017 à un homme d’affaires lyonnais, le vénérable domaine aspire aujourd’hui à la noblesse du terroir. Les millions et l’enthousiasme de Christophe Gruy, dirigeant du groupe industriel Maïa, alimentent une spectaculaire renaissance viticole, qui a inspiré d’autres mécènes : Jean-Loup Rogé, fondateur d’Implid, a acquis le château de Poncié, à Fleurie, en 2020, et l’hôtelier Jean-Claude Lavorel, celui des Ravatys (autre brouilly) en 2022.Redonner au Beaujolais sa juste place dans le vignoble françaisL’ambition d’un Christophe Gruy résonne avec la résistance de quelques figures de la région (famille Desvignes en tête, à Morgon) contre le gamay dévalorisé, fourvoyé dans une vieille politique de primeurs à bas coûts et de volumes débridés. Le chemin apparaît ardu, à l’image des coteaux escarpés. Cependant, la voie est tracée pour remonter la pente : une nouvelle génération travailleuse abandonne les produits chimiques pour des certifications HVE, Terra Vitis ou bio. Elle aspire à redonner au Beaujolais sa juste place dans le vignoble français, avec des réductions de rendement, des vinifications parcellaires, des élevages longs et des lieux-dits revendiqués, à l’appui de dossiers de classements en premiers crus auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). Une politique de montée en gamme exemplaire, appliquée avec zèle à La Chaize. Et plus encore : le domaine investi d’une mission s’est engagé dans une « transition énergétique et environnementale sans précédent pour atteindre la neutralité carbone ».La conversion en agriculture biologique des 99 hectares du château, et de 43 hectares supplémentaires acquis en côte-de-brouilly, fleurie et morgon, a été menée tambour battant sous l’impulsion du consultant Pierre-Jean Villa, vigneron référence de la vallée du Rhône. La moitié du vignoble a été arrachée et replantée avec du matériel végétal qualitatif.Dans le chai de 120 mètres de long, classé monument historique, la modernité s’est invitée dans les cuves en Inox satiné et béton brossé dernier cri. Sous les voûtes de la cave, recouverte du sable de granit rose (la fameuse saprolite du Beaujolais), une batterie de foudres neufs a remplacé des antiquités centenaires – transformées en parquet. Christophe Gruy a construit un deuxième chai d’embouteillage et de stockage, enterré pour préserver l’intégrité patrimoniale du site. Une immense centrale géothermique régule la consommation énergétique des installations vinicoles.Une vision écologiqueLa vision de l’écologie de Boris Gruy, le directeur et neveu du propriétaire, ne s’arrête pas au label AB. Elle se prolonge dans les techniques exigeantes d’enherbement et de paillage, à la gestion du cycle de l’eau et la séquestration du carbone, avec des achats de forêt et des plantations massives. Sans oublier les tracteurs 100 % électriques d’ici à 2030. Et une centrale solaire pour faire le plein…L’Express a aimé…LA GOURMANDISE du brouilly Lieu-dit « Combiliaty » 2020Issu d’une parcelle sur granite de faible profondeur. Elevage de vingt mois en cuves béton. Panier de petites baies : myrtilles, cassis, groseilles, canneberges… Une gourmandise. 22 €LA SUBTILITÉ du fleurie Lieu-dit « La Madone » 2020Une parcelle de 1,9 hectare en coteau. Quinze mois d’élevage en foudre. Robe écarlate, infusion de fruits rouges, pêche de vigne, rose séchée, longue garde. 28 €.L’INTENSITÉ du côte-de-brouilly Lieu-dit « Brulhié » 2020Terroir de pierres bleues, parcelle solaire (« brulée ») orientée sud/sud-ouest. Robe sombre, tanins souples, nez fumé, minéralité, fruits noirs et épices. Un fort caractère. 36 €.L’ÉLÉGANCE du brouilly Lieu-dit « La Chaize » Monopole 2020Jeunes vignes replantées dans le clos rénové attenant au château. Raisins 100 % égrappés. Parfums chatoyants de lys et de violette, notes de cerises noires, personnalité solaire. 36 €.LA TEMPÉRANCE du brouilly Lieu-dit « Vers les Pins » Monopole 2020Cette cuvée parcellaire séjourne vingt mois en foudres. Tanins soyeux, ampleur aromatique, eucalyptus, cerise noire, chocolat, finale salivante. 28 €.LA CLASSE du fleurie Lieu-dit « La Chapelle des Bois » 2020Un vin aux accents bourguignons prononcés ! Robe carmin, arômes floraux, épices (poivre), fruits rouges (framboise). Une rare élégance et de la finesse. 36 €.Tous les raisins du Château de La Chaize sont vendangés à la main en caissettes de 13 kilos ; les vinifications sont parcellaires (23 lieux-dits cadastraux), les levures indigènes et l’extraction douce (remontage et délestage, sans pigeage).



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Author : Philippe Bidalon

Publish date : 2023-06-01 18:00:00

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