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Batteries électriques : la route vers la souveraineté européenne est encore longue

Batteries électriques : la route vers la souveraineté européenne est encore longue




644 mètres de rutilantes cuves en inox, de gigantesques tuyaux serpentant du sol au plafond, d’infatigables robots programmés pour convoyer, ranger, assembler… Et au bout de l’immense ligne de production, l’espoir de l’Europe : celui de gagner sa souveraineté dans les batteries. Après les installations du suédois Northvolt, l’usine d’Automotive Cells Company (ACC) est le deuxième projet porté par des entreprises du Vieux Continent à investir le domaine.En France, c’est la première à atteindre l’étape de la production en série. « Pour la première fois depuis Airbus, la France et l’Europe créent une nouvelle filière industrielle », célèbre avec son habituelle emphase le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lui qui a débloqué une jolie enveloppe de 1,28 milliard d’euros d’aides avec l’Allemagne pour soutenir l’initiative.Sortie de terre en un temps record – à peine trois ans depuis la création d’ACC –, la cathédrale de ciment et d’acier sera opérationnelle dès juillet 2023. A la frontière des communes de Douvrin et de Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais, elle disposera d’une capacité de 13,4 gigawattheures (GWh) dès 2024. D’ici 2030, la gigafactory montera à 40 GWh et emploiera 2 000 personnes. Deux sites lui emboîteront le pas, en Allemagne et en Italie. De quoi répondre aux besoins des actionnaires Mercedes, TotalEnergies et Stellantis. Le puissant directeur général de ce dernier, Carlos Tavares, n’exclut pas pour autant de fournir d’autres groupes. L’union fait la force. Surtout pour abattre le travail colossal qui attend l’Europe dans les batteries.La Chine écrase la concurrenceIl faudra d’abord gagner la bataille de la montée en puissance de ces nouvelles usines d’assemblage. Une révolution pour les groupes automobiles : l’activité ne relève pas de la mécanique, mais de la chimie. Reste le gros du défi. Malgré les projets d’ACC, l’essaimage du suédois Northvolt à travers le continent ou le pari de la start-up française Verkor à Dunkerque, la région a encore fort à faire pour réduire sa dépendance à l’Asie. L’époque où la Chine peinait à produire des moteurs thermiques est bel et bien révolue. La plus grande nation exportatrice de voitures au monde – au nez et à la barbe de l’Allemagne ! – tient aujourd’hui fermement les rênes de la chaîne de production de la voiture électrique.Premier producteur de graphite au monde, le pays s’est imposé dans une étape cruciale, en amont de l’assemblage des batteries : le raffinage des matières premières. Plus de la moitié de la transformation du lithium, du cobalt et du graphite est réalisée sur place, estime l’Agence internationale de l’énergie. Biberonnés à une demande en constante hausse, les fabricants chinois de machines de production se partagent aussi le marché mondial avec leurs homologues sud-coréens ou japonais. Dans le Pas-de-Calais, ACC a dû se résigner à cet état de fait. Une partie du nickel utilisé dans ses futures batteries, ainsi que la totalité du manganèse et du graphite, sont importées de Chine. Dans le calme trompeur de la gigafactory en éveil, des salariés chinois détachés mettent la dernière touche à l’installation de machines nées à l’autre bout du monde. « Heureusement que Google traduction existe, car ils ne parlent pas toujours anglais », s’amuse un salarié d’ACC, qui les côtoie parfois devant la machine à café. C’est le prix à payer pour assurer le déploiement rapide d’une usine de batteries en Europe.Le bond des capacités de production dans la région, à plusieurs centaines de GWh, augure toutefois d’un changement d’ère. Dans le sillage de précurseurs comme le chimiste belge Umicore, les entreprises investissent de nouveaux pans de la chaîne de valeur. D’aucuns se prêtent même à rêver : et si les matières premières utilisées dans nos voitures électriques étaient directement extraites du sous-sol européen ? Dans l’Allier, le français Imerys imagine donner une deuxième vie à une carrière de kaolin en y extrayant du lithium. Une vraie gageure, tant les freins à lever pour faire accepter de nouveaux projets miniers sont nombreux. Comme gage de sa bonne foi, Imerys présente un plan d’extraction « responsable ». C’est probablement de leur vertu en matière écologique que viendra le salut des batteries made in Europe.



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Publish date : 2023-05-31 11:19:39

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